Un an déjà que je suis arrivé au Vietnam, sans connaître la moindre chose sur ce monde si différent et si lointain de nos cultures européennes. J'ai, pendant cette année en temps que VIA de l'IRD, rencontré des gens exceptionnels, tant professionnellement que dans ma vie de tous les jours, et cette expérience a été très bénéfique sur bien des points.
J'ai évidemment profité pour voyager dans bien des endroits pendant cette année. J'ai eu la chance de 
  • découvrir les magnifiques temples d'Angkor au Cambodge, perdus dans leur jungle impénétrable, 
  • j'ai pu arpenter les rues de Bangkok en Thailande, à mi-chemin entre tradition et modernité, 
  • j'ai sillonné les routes du Laos à moto, de Luang Prabang à Vang Vien pendant la fête de l'eau, évitant les sceaux qu'on me déversait à chaque entrée de village, 
  • je suis allé aux Philippines, profiter des splendides plages de l'île de Palawan
  • j'ai retrouvé ma soeur dans l'impressionnante cité-état de Hong Kong, écrasé par l'immensité de ses gratte-ciel,
  • et bien sûr, ai pu profiter des plus spectaculaires paysages et monuments du Vietnam, du Nord au Sud, que je connais maintenant presque plus que mon propre pays : les rizières de Sapa, les montagnes vertigineuses du Ha Giang, les cascades de Ban Gioc, la Baie de Ha Long, le lac de Ba Be, la réserve de Pu Luong, le parc naturel de Cuc Phuong, la baie d'Halong terrestre autour de Tam Coc, les tombeaux impériaux de Hue, la magnifique ville de Hoi An, les terribles tunnels de Cu Chi, les soirées de Ho Chi Minh...
Je pourrai m'attarder longtemps à parler de tous ces lieux, mais je ne vais pas le faire, sinon jamais je ne m'en sortirai ! Si vous ne l'avez pas déjà fait, vous pouvez voir les deux vidéos que j'ai faite pendant cette année, vous permettant de découvrir ces lieux en images :
- Vidéo de Bangkok et Ayuttaya ici
- Vidéo du Vietnam, Philippines, Cambodge et Laos ici

Dans cet article, je vais plutôt parler de ce que j'ai pensé de ma vie au Vietnam (et plus précisément à Hanoi) au travers de mes yeux d'occidental, des différences qu'il peut y avoir avec nos pays. Nous sommes en 2016, et je suis sûr que le Vietnam comme j'ai eu la chance de le connaître ne sera plus du tout le même d'ici quelques années, donc je pense que figer son portrait dans les mots aujourd'hui a son intérêt.

Des débuts difficiles

Mes débuts à Hanoi n'étaient pas évidents... Mon premier logement était entouré de constructions, je me faisais réveiller 7 jours sur 7 à 5h du matin par le marteau piqueur et la scie à métaux. Aucune isolation sonore pour ces constructions bâclées, le "double vitrage" est totalement inexistant dans le pays. Le volume sonore à 5h du matin était tel qu'il m'est déjà arrivé, totalement désorienté, de sortir dans la rue (en enjambant gravas et évitant les étincelles de découpe métallique) encore en tenue de nuit, et de monter sur ma moto sans casque et sans sac pour aller au travail. Absence quasi-totale de notion de weekend ici : mes seuls temps de répit étaient quand la météo ne permettait pas aux ouvriers de travailler. Tout est poussière, vacarme incessant, odeurs désagréables, ordures dans les rues, humidité et chaleur insupportable...
Devant un tel choc culturel, j'ai éprouvé pour la première fois un besoin de confort, de me laisser la possibilité de me replier hors de toute cette vie hostile. J'ai trouvé un autre logement au 16ème étage d'une tour refaite à neuf, et y ai emménagé avec Vassilij, un Letton avec qui j'avais partagé l'enfer du premier logement, et Vanessa, une Canadienne qui cherchait également un logement. Deux personnes extraordinaires avec qui j'ai passé du très bon temps dans mon nouveau palace.
Niveau bruit et confort quotidien, me voilà sauvé d'affaire. Niveau nourriture, après quelques mauvaises surprises gastronomiques, j'ai pu rapidement repérer quelques endroits peu cher et à mon goût (je n’ai jamais cuisiné de l’année, la nourriture de rue est moins cher que si je me faisais moi-même à manger). Niveau chaleur et humidité, je me suis acclimaté plus rapidement que je ne l'aurai cru, acceptant l'idée de vivre constamment dans ma transpiration, et les températures commençaient à redescendre avec l'approche de l'hiver. Le coup dur du premier mois avait été encaissé, j’étais revenu sur les rails !

Le brouillard Hanoien


De toutes les difficultés que j’ai pu vivre ici, celle qui m’a fait fuir le pays, me poussant à ne pas renouveler pour une seconde année, c’est bien le climat. En signant pour le Vietnam, moi qui déteste les pays chauds, je pensais que la chaleur allait être le facteur le plus difficile à gérer. Ce n’a pas été le cas. Finalement, j’ai bien plus mal vécu la fin de l’hiver que l’été. Le mois de Janvier a été très froid, la température baissant en dessous de 10 degrés. Là, vous devez sourire, mais je vous assure que par 80 % d’humidité, sans aucune isolation thermique ni chauffage, cette température est plus difficile à endurer que vous ne pouvez le croire (les écoles vietnamiennes ont d’ailleurs pour ordre de fermer quand les températures descendent en dessous de 10°C).
J’aime bien le froid, le mois de Janvier n’a pas été un problème pour moi. J’ai par contre très mal vécu les trois mois qui ont suivi. Le "printemps" Hanoien est la pire saison que j’ai vécu de ma vie. Jour après jour, c’était toujours le même brouillard d’humidité et de pollution qui hantait le ciel. Un matin, je me souviens du regard rayonnant de mon colocataire, me disant avec joie et étonnement : "look at this Julien ! We can see far today !". Effectivement, toujours le même gris omniprésent, mais nous pouvions voir clairement les buildings d’en face. On se satisfaisait de peu ! L’humidité était telle que mes vêtements moisissaient dans mes placards. En trois mois, si j'omets la période du Tet où je n'étais pas au Vietnam, je n’ai vu le soleil que deux après midi, percer difficilement la couche de nuage (je ne parle pas de ciel bleu, il ne faut pas rêver!). Les pics de pollution étaient alarmant pendant cette période, mes défenses immunitaires descendaient en flèche, je me suis mis à tomber malade, et à sombrer dans une dépression passagère. Puis tout d’un coup, sans transition, le brouillard a disparu, remplacé par un soleil de plomb, des températures dépassant parfois les 40°C. Il fallait faire attention à ne pas rester trop longtemps au soleil pour ne pas finir brûlé, les Hanoiens allaient de coins d’ombre en coin d’ombre. Puis ce fut au tour de la saison des pluies de rentrer dans la danse, en Juillet-Aout, avec des tempêtes parfois violentes (l’une d’elle a déraciné plusieurs centaines d’arbres dans Hanoi). Finalement, les seuls mois de paradis ici sont Octobre-Novembre-Décembre. Le reste n’est que succession de brouillard, chaleur extrême et pluies torrentielles.


Hanoi, make some noise !


Le bruit, vous l’aurez compris, est une autre des grosses difficultés de la ville. Et par bruit, je parle serte les chantiers et les diverses nuisances sonores liées à la circulation (même les clignotants des motos font parfois le bruit de sirène de recule des camions de chez nous), mais au de-las de cela, j’ai été frappé de voir à quel point les Vietnamiens étaient des gens bruyants. En Europe, les Français sont déjà considérés comme des gens bruyants (il m’arrivait d’avoir des réflexions quand je prenais le bus à Tallinn et que je riais d’une blague d’un ami…), mais au Vietnam, on joue dans une toute autre dimension. Dans les restaurants ou dans les "bia hoi" (petit restaurant populaire où on boit de la bière pour moins cher que de l’eau), il en devient difficile de s’entendre parler, et il était fréquent d’en sortir avec un mal de tête. Les Vietnamiens hurlent au lieu de parler, et les murs nus de ces lieux n’arrangent rien à l’acoustique. La langue Vietnamienne est de surcroît très agressive à l’oreille, hachée et avec des intonations en électroencéphalogramme.
Dans ces conditions, les Vietnamiens ont développé une indifférence totale par rapport au bruit qu’on ne peut qu’admirer. Dans les bus de nuit par exemple, nous avons souvent droit à de la musique vietnamienne pendant tout le trajet, et les rares moments de "silence" sont continuellement interrompus par des sonneries de portable (il semblerait que les Vietnamiens n’ai jamais compris qu’il existait un mode vibreur et un mode silencieux sur leur téléphone). La même alarme peut sonner des dizaines de fois d’affilé, personne ne s’en plein, tout le monde dort à poings fermés (les poings un peu moins fermés pour nous autres les occidentaux…).
Pour revenir à la musique, on peut admirer encore ici l’endurance des Vietnamiens, qui peuvent écouter en boucle la même musique pendant des jours et des jours sans broncher (j’allais régulièrement dans un petit restaurant végétarien proche de chez moi, et il n’y a pas une fois où ils ont passé une musique différente). La musique vietnamienne en elle-même n’est pas très variée. En fait, il existe 2 "formules" de musique : de la musique électronique, digne d’un mauvais mélange entre tetris et notre dup step avec toujours le même rythme ternaire (pour les musiciens : noire pointée – noire – noire pointée), et de la musique douce genre pop souvent construite sur une conversation d’amour entre deux personnes. Autant vous dire qu’on a vite fait le tour, et il nous suffit de connaître une musique pour les connaître toutes, ce qui peut nous permettre de rapidement s’improviser chanteur de karaoke en Vietnamien!
Dans la liste des bruits peu sympathiques, je peux encore ajouter les raclements de gorge ostentatoires qui semble tout à fait normal ici.

L’hospitalité des Vietnamiens


Bon, après m'être défoulé sur les locaux à la section précédente, il est temps de passer à un paragraphe plus élogieux les concernant ! Dans mes stéréotypes d’Européen, j’avais peur de rencontrer des gens extrêmement communautaires et renfermés, peu enclins à la conversation, méfiants du "blanc colonisateur". Ce que j’ai trouvé était finalement tout l’inverse (mis à part le caractère "communautaire", qui n’est pas une mauvaise chose en soit).
Les Vietnamiens ont toujours été extrêmement bienveillants et hospitaliés, toujours prêts à aider (ou du moins à essayer d’aider, parce que la barrière de la langue reste un gros problème dans ces pays là). Jamais les vietnamiens ne m’ont laissé tomber quand je me trouvais dans des situations difficiles, ils étaient toujours là à se plier en quatre pour m’aider. Hanoi se revendique comme la ville la plus safe d’Asie du Sud Est, ce que je veux bien croire . Ici les problèmes de vols sont d’une extrême rareté, et la violence est presque inexistante. Ma vigilance parisienne en a pris un coup, et je me suis surpris bon nombre de fois à oublier les clés sur le contact de ma moto, et la retrouver à sa place à mon retour.
J’ai été également frappé par leur joie de vivre naturelle, se contentant de peu, riant à longueur de journée. Je l’avais déjà constaté au Chili, mais une fois encore, l’adage "l’argent ne fait pas le bonheur" se vérifiait. On m’a souvent demandé comment je vivais le contact avec la misère, que cela devait être dur à accepter. Je pense qu’il y a deux types de misère qu’il faut bien distingués (qui peuvent s’additionner bien sûr) : la misère matérielle et la misère d’exclusion sociale. La seconde est celle que nous connaissons dans nos pays "développés", et elle est à mes yeux bien plus choquante que celle que l’on peut voir ici à Hanoi. Ici, chacun à un rôle, chacun à sa place dans la société. Certains vivent peut-être dans des logements précaires, essayant de survivre avec des revenus très réduits, mais ils sont là, ils sont heureux, et se savent utiles.
La barrière de la langue a toujours été un gros problème pour échanger avec les locaux, mais très souvent je me faisais interpeller, prendre en selfi avec eux (à cause de ma taille, je suis un géant là bas!), j’avais droit à des sourires, à des innombrables "Hello" d’enfants quand je traversais les villages en moto. Souvent invité à prendre un verre (qu’est-ce qu’ils picolent ces viets!) ou une bouffée de thuoc lao (un immonde bang à tabac qui m’a fait tourner de l’œil plus d’une fois), j’échangeais des conversations basiques en vietnamien, accompagnées de franches accolades. Quand je faisais mon footing dans les parcs, je voyais souvent un valeureux vietnamien essayer de suivre mon allure en essayant d’échanger quelques mots d’anglais avec moi. Je ne me suis jamais lassé de ces moments, aussi simples que sincères et spontanés.

Le Vietnam rouge, entre liberté et interdits


Le caractère communiste est encore bien présent dans le pays, surtout à Hanoi. Les hauts parleurs diffusent la bonne parole du parti dans toute la ville, les affiches du parti, respectant la charte graphique d’écriture jaune sur font rouge, sont présentes à chaque coin de rue, et partout le visage protecteur de Ho Chi Minh est au rendez-vous. Les vietnamiens ont une admiration sans limite pour ce dernier, qui a dédié sa vie à son peuple, rendant au Vietnam sa fierté et son indépendance. Un couvre-feu, vestige du passé, sévi encore dans la capitale, interdisant tout rassemblement à partir de 23h-minuit (certains lieux de festivité restent néanmoins ouverts toute la nuit s’ils payent suffisamment les forces de l’ordre pour qu’elles ferment les yeux), et la censure est encore présente, interdisant toute forme de défiance vis à vis des autorités (le film "les minions", par exemple, est censuré quand les minions d’en prennent à la reine, juste avant d’être poursuivis). Il y a des choses que l’on n’a pas le droit de dire, la liberté d’expression n’existe pas encore...
D’un côté complètement opposé, j’ai eu l’impression de beaucoup plus de liberté au Vietnam que ce que l’on peut connaître dans nos pays. Que ce soit dans l’interprétation du code de la route, au travail ou dans la vie de tous les jours, les gens ici jouissent d’une très grande liberté, bien loin de tous ces casse-tête de normes, de lois, de règles sociales… Nos sociétés sont devenues tellement complexes, tellement paranoïaques, qu’il me semble que nous ayons perdu toute l’imagination et la créativité dont les vietnamiens font preuve. Les chargements sur les motos par exemple sont pour moi source de fascination. Les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent, du moment que leurs actions n’entravent pas la vie des autres. Ils font ce qui leur semble "juste" (ne pas voler, ne pas blesser…), et dans cette anarchie apparente, il règne une paix que nous ne pouvons qu’envier.
De temps en temps cependant, de manière complètement hallucinante, il m’est arrivé de tomber sur un procédurier, un pur et dur, plus borné que quiconque, qui se bat becs et ongles pour faire appliquer la règle, se sentant soudain obligé de devenir l’avocat de l’ordre. A chaque fois que cela m’arrive, je me sens complètement déboussolé. Exemple d’un parking entièrement désert, j’entre avec ma moto sans voir qu’il y a un chemin "entré" et un chemin "sortie" qui passent de part et d’autre du gardien. Le gardien me fait ressortir pour me faire re-rentrer de l’autre côté, pas moyen de discuter.
Cette notion de liberté est toutefois à nuancer, parfois entravée par les forces de l’ordre. Il existe ici une forme de police de quartier. Il faut payer cher pour devenir policier, et la rémunération est très faible. Ils ont donc très souvent recours au racket, et si la pauvre victime refuse de s’y plier, il peut le regretter (on m’a raconté l’histoire d’un français qui avait ouvert un restaurant, il a décidé d’arrêter de payer ces pots de vin. Les "policiers" sont venus avec un bulldozer pour lui détruire sa terrasse). On dit que les autoroutes vietnamiennes coûtent 4 fois plus cher à construire que celles aux Etats-Unis, et pour une qualité médiocre. Cette improductivité flagrante est en partie due à ces rackets institutionnalisés (ce n’est pas la seule cause bien sûr : le manque d’organisation est est également une).
Le Vietnam est, vous l’aurez compris, encore sous un régime autoritaire, très peu démocratique. Certaines lois venues d’en haut sont d’une incohérence choquante, et le peuple doit s’y plier. Dans les réformes à venir, on parle de supprimer les deux roues dans Hanoi. Etant donné l’état de la circulation aujourd’hui, j’ai de la peine à imaginer tous ces deux roues remplacés par des voitures et 4x4. Je suis bien content de ne plus être à Hanoi quand ce jour viendra…

Le "Viet style"


Je reprend cette expression d’une amie, Julie, qui vit depuis 2 ans à Ho Chi Minh ville, pour parler de tous les comportements vietnamiens qui nous semblent totalement incompréhensibles, qui peuvent nous mettre dans tous nos états, qui nous amusent et nous insupportent à la fois.
Tout d’abord, il faut savoir qu’ici, tout est fait "à l’arrache". Cela a du bon je trouve de sortir de nos œillères de bon européens, de profiter d’une liberté que nous avons perdu dans nos pays, mais la négligence naturelle des Vietnamiens peut parfois être insupportable. Pour illustrer ce phénomène, je vais prendre 3 petits exemples (parmi d’innombrables!).
Le premier : pour gagner l’île de Cat Ba (baie d’Halong), j’ai pris avec des amis un petit bateau à moteur qui coûtait 5 fois le prix du gros bateau, mais qui nous faisais économiser pas mal de temps. Nous avons donné la liasse de billet au conducteur du zodiaque (un million de VND), et le voilà parti plein gaz. Les billets encore dans la main, il se met (en plus de piloter le bateau) à sortir son téléphone (tous accros là bas, je n’ai jamais pris un véhicule sans que son conducteur ne passe un appel) et se met à téléphoner pour passer le temps. Là dessus, les billets s’envolent, tombent tous à la mer. Notre champion arrête le bateau, et se met à faire des tours pendant bien 15 minutes pour retrouver ses billets. Bien sûr, il ne les a jamais retrouvés.
Seconde histoire : nous étions dans un restaurant (assez cher en plus), et avions le choix entre de la bière en bouteille ou des bières en pichet. Nous demandons à la serveuse combien contenait un pichet (elle nous répond 1,5L), et après un rapide calcule nous optons pour le pichet, la solution la plus économique. En voyant arriver notre pichet, Vassilij, très attaché aux droits des clients ("le client est roi"), doute fort que la contenance du pichet soit celle annoncée. Il appelle la manager du restaurant, qui lui assure également que le pichet contient 1,5L, qu’elle l’a mesuré elle-même. Finalement, après bien des discussions, elle revient avec une balance, et pèse le pichet plein, avant de nous regarder le visage victorieux avec sa balance qui pointait sur 1,5kg. En explosant de rire, nous lui faisons remarquer que ce poids comprenait aussi le pichet en verre.
Troisième petit histoire : Nous étions dans une semaine de formation pour le travail, hébergé en hôtel (semaine très intense où chaque minute de sommeil compte), et, chose exceptionnelle, nous pouvions dormir un peu plus le matin, jusqu’à 8h30. A 8h pétante, tambourinement à la porte, une fois, deux fois, trois fois… Je sors de mon lit, encore en caleçon, et ouvre pour savoir de quoi il s’agit. C’était tout simplement le room service qui voulait nettoyer la chambre. Il était tout juste 8h, ils ne voyaient juste pas où était le problème dans tout ça.
Je pourrai encore poursuivre longtemps sur ces exemples, en parlant des comportements automobilistes, ou de flocages de T-Shirts bâclés où des lettres ont été omises, ou une acupunctrice qui oublie de retirer une aiguille sur le crâne d’une amie, et j’en passe !

Un autre trait de caractère des Vietnamiens qui m’a marqué est leur franchise. On parle sans détour, sans artifice, on va droit au but. En rentrant dans un bus de nuit, sitôt couché, mon voisin me montre mes chaussettes en agitant sa main devant le nez, me faisant signe de retirer cette horreur. (pour ma défense, je ne pense pas que je sentais si mauvais que ça, mais plutôt que les chaussettes sont, à juste titre effectivement, associées à de mauvaises odeurs chez les Vietnamiens qui n’en portent quasiment jamais).
Il en va de même de leur caractère "moqueur" que je n’ai jamais mal pris. J’ai encore en mémoire le visage d’un petit vietnamien en train de faire une sorte de "danse de la victoire" en se tapant les fesses devant nous qui venions de noyer le moteur de notre moto en traversant un chemin inondé… Le genre de scène qui au final nous fait bien plus rire que pleurer ! Une autre scène (que j’ai manqué bien malheureusement) d’une fille qui est rentrée littéralement dans un restaurant avec sa moto, renversant tables et plats, et se relevant péniblement (plus de peur que de mal pour elle bien heureusement) de sous les feuilles de salade. Les vietnamiens (qui avaient failli se prendre une moto et qui avait le reste de leur plat sur leur genoux) étaient tous explosés de rire, ont aidé la malheureuse à sortir la motoc et ont nettoyé les dégâts. Ils s’étaient bien moqués d’une européenne, ils avaient gagné leur journée, il n’en demandaient pas plus (dans nos pays, cette histoire aurait donné suite à un nombre infini de procédures administratives et d’engrenages financier d'assurances diverses). Le "viet style" a parfois du bon !
Je finirai ce paragraphe par une image qui m’a bien fait rire, celle d’un vietnamien une tronçonneuse à la main, en pleine campagne, qui, me voyant arriver en moto, commence à se mettre en position d’attaque, comme s'il allait me découper au passage. Voilà, c’est l’humour vietnamien !